Il n'y a pas de honte à  « puncher » | Emplois.ca
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Il n’y a pas de honte à  « puncher »

Doit-on absolument aimer son travail d’une passion dévorante pour bien le faire et en tirer satisfaction ? Le mythe de la passion du travail, bien présent, peut créer une culpabilité chez certains travailleurs.

La bande dessinée Dilbert en a fait son univers : un milieu de travail morne où les employés prisonniers de leur cubicule « punchent » et survivent à leurs journées à coups de blagues sarcastiques. Ce comportement est pourtant décrié dans une société ultra performante, où l’on valorise énormément les « passionnés » du travail.

Or, la passion demande spontanéité, intensité et engagement, ce que ne peut soutenir tout le monde, selon la conseillère en orientation Hélène de Léséleuc. « Il existe différents tempéraments : certains sont tout feu, tout flamme, mais d’autres sont plus sereins et tranquilles, fait-elle valoir. Ils sont peut-être moins flamboyants, mais ils peuvent être très engagés et intéressés par leur travail, très fiables et satisfaits de leur vie professionnelle. »

Selon elle, le mot « passionné », utilisé à toutes les sauces en milieu de travail, est galvaudé. « Alimenter le feu à grosses flammes tout le temps, ça prend beaucoup d’énergie ! On peut aussi avoir de belles braises rougeoyantes et chaudes, et c’est ce que préfèrent certains travailleurs », dit-elle.

D’ailleurs, un milieu de travail où chaque employé rivaliserait de passion et d’intensité pourrait devenir chaotique et ingérable si les caractères ne sont pas compatibles. Les tempéraments de tous sont les bienvenus pour équilibrer les forces. Ce qui compte, c’est la compétence de chacun. Exit donc la honte de « puncher » si on travaille bien!

Différentes priorités
Différents événements de vie peuvent d’ailleurs changer les priorités d’une personne : nouvel amour, naissance d’un enfant, projet emballant… Ces événements peuvent faire en sorte qu’on accordera moins de temps et d’énergie à son travail, tout en l’aimant correctement. Selon Hélène de Léséleuc, il est essentiel de réviser ses valeurs et ses priorités et de rééquilibrer sa vie afin d’éviter l’épuisement.

« La culpabilité que je vois, c’est chez les passionnés épuisés, constate-t-elle. Ils sont allés trop loin dans leur passion au travail et n’ont pas appris à recevoir. Ils se sentent coupables de ne pas être aussi flamboyants que les autres. » Le phénomène est aggravé dans les milieux de travail où la performance est très valorisée: heures supplémentaires régulières, dépassement constant, objectifs de plus en plus élevés. Pour ces personnes, apprendre à se rebâtir une nouvelle identité qui ne soit pas axée sur la passion, ici le travail, est extrêmement difficile.

Cependant, tous ne tirent pas leur bonheur du travail et sont très satisfaits de « puncher » en arrivant au bureau. En 2013, 52 % des Québécois affirment que le travail serait une source de bonheur, selon l’Indice relatif du bonheur (IRB), une analyse de Pierre Côté qui sonde chaque année les Québécois à ce sujet. Ces personnes qui tirent satisfaction de leur travail sont beaucoup plus heureuses que l’autre moitié, avec un score IRB de 81,60 sur 100 contre 64,50. Les autres ne sont pas nécessairement malheureux, mais ils tirent leur bonheur d’autres sources : sens d’accomplissement, famille, amour, argent.

Rien n’oblige à se définir que par son travail : en fait, mieux vaut avoir plusieurs centres d’intérêt et… arrêter de culpabiliser !

 

****Publication originale Septembre 2015

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