Le Japon veut forcer les salariés à prendre des congés | Emplois.ca
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Le Japon veut forcer les salariés à prendre des congés

On connaissait déjà la propension des travailleurs japonais à trop travailler et à en subir les effets néfastes sur leur santé : stress intense, dépression, hypertension, suicide, ACV… Là-bas, il existe même un mot pour désigner les décès par surmenage : « karoshi ». En 2012, le gouvernement japonais a ainsi indemnisé 813 familles qui ont su montrer un lien entre le décès de leur proche et leur travail. Depuis plusieurs années, les actions se multiplient pour tenter d’enrayer le phénomène : mise en place d’une ligne d’écoute pour contrer l’épuisement professionnel, publication de livres mettant l’accent sur la prévention, introduction de la sieste sur le lieu de travail auxquels s’ajoutent le programme d’indemnisation des familles et bientôt une loi instaurant cinq jours obligatoires de congés par année.
 
Une entrée en vigueur en 2016
 
La proposition d’un minimum obligatoire devrait être inscrite dans le code du travail et s’appliquer dès 2016. Il faut dire que beaucoup de salariés nippons prennent peu de congés, voire pas du tout. Une étude publiée en 2013 dévoilait ainsi qu’un salarié sur six n’avait pas du tout pris de congé dans l’année. En 2013 également, le ministère du Travail estimait que les Japonais prenaient seulement 9 jours de congés sur les 18,5 jours dont ils bénéficient en moyenne. Rappelons que d’après la norme du travail, le Japon garantit 10 jours de congés payés minimum pour les travailleurs à temps plein. La loi devrait d’ailleurs s’appliquer uniquement aux salariés bénéficiant de ces dix jours et plus. 
 
Soucieux du problème, le gouvernement japonais entend accroître la part de congés payés utilisés par les salariés et atteindre 70 % d’ici 2020. En 2013, ce pourcentage s’élevait à 39 % quand les niveaux des autres pays oscillaient entre 70 et 100 %. 
 
Temps de travail ≠ productivité
 
Les bienfaits des vacances ont été démontrés par plusieurs études ces dernières années, dans le sens où elles incitent à une prise de recul bénéfique vis-à-vis du travail. À l’inverse, le travail acharné ne garantit pas forcément une meilleure productivité. C’est pour ainsi dire le contraire puisque plusieurs observateurs extérieurs estiment que la productivité des travailleurs japonais est faible et que ce niveau de productivité explique aujourd’hui pourquoi les entreprises nippones peinent à être compétitives dans un contexte mondialisé.
 
Reste à savoir si ces mesures incitatives conduiront les Japonais à modifier leur rapport au travail. Difficile de le prédire dans une société qui a longtemps privilégié les cadences intenses de travail comme mode de vie. 
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