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Mon jardinier immigrant est diplômé en médecine

Combien de personnes ayant obtenu un diplôme à l’étranger ne travaillent pas dans leur domaine, une fois arrivé au Canada? Malgré une pénurie de main-d’œuvre généralisée au pays, facilite-t-on la reconnaissance des diplômes?

Une chimiste devenue intervenante en petite enfance, un ingénieur faisant du taxi, ou un médecin recyclé en technicien en laboratoire… Combien de personnes ayant obtenu un diplôme à l’étranger ne travaillent pas dans leur domaine, une fois arrivé au Canada ? Malgré une pénurie de main-d’œuvre généralisée au pays, facilite-t-on la reconnaissance des diplômes ?

« Tout dépend du pays et du diplôme », explique Nisrin Al Yahya, coordonnatrice de projet en employabilité à La Maisonnée, un service d’aide et de liaison pour les immigrants de la région de Montréal. « Beaucoup d’immigrants arrivent au pays et croient que leur diplôme sera reconnu automatiquement, ce qui est rarement le cas », ajoute-t-elle.

Et le processus de reconnaissance peut être plus long qu’ils le croient. Ceux qui arrivent non préparés peuvent devoir patienter longtemps avant de se trouver un emploi qui correspond à leurs compétences et expériences. D’ailleurs, beaucoup abandonnent, car le processus de reconnaissance est trop complexe et qu’il peut s’accompagner d’une mise à niveau.

La Belle Province possède ses propres règles et dispositions en matière de reconnaissance des diplômes, à l’instar des autres provinces canadiennes où le système scolaire varie d’un endroit à l’autre. La plupart des diplômes sont a priori reconnus au Québec. Mais dans les faits, c’est plus compliqué que cela. « Il n’y a rien de simple dans ce domaine », souligne Mme Al Yahya.

Les diplômes reconnus

En 2008, Jean Charest, alors premier ministre du Québec, signait avec son homologue français, Nicolas Sarkozy, l’Entente Québec-France sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. L’entente vise à faciliter la reconnaissance des diplômes de certains professionnels des deux pays. Près de 81 professions (dont architecte, comptable ou travailleur social), métiers (notamment mécanicien de chantier, électricien ou plombier), et plusieurs fonctions du domaine des assurances, des valeurs mobilières et des instruments financiers, sont désormais reconnus.

http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/biq/paris/entente-france-quebec/

Pour les autres, il faut peut-être demander l’Évaluation comparative des études effectuées hors Québec. C’est un avis d’expert délivré par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Avant de le demander, il faut vérifier si l’employeur, l’ordre professionnel ou l’établissement d’enseignement a besoin de ce document pour procéder à l’embauche. Certains employeurs l’exigent, alors que d’autres peuvent reconnaître ou évaluer l’expérience des candidats sans passer par le ministère.

http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/education/evaluation-comparative/

Si le nouvel arrivant souhaite travailler dans la fonction publique ou s’il compte enseigner, il est obligatoire de demander l’évaluation comparative. On peut aussi demander que la personne suive une formation d’appoint avant de pouvoir exercer son métier : « Par exemple, explique Nisrin Al Yahya, si un candidat possède un diplôme de comptabilité et cinq ans d’expérience, mais qu’il ne maîtrise pas certains logiciels ou la fiscalité canadienne. »

Les ordres professionnels

La situation est différente si l’immigrant exerce une profession réglementée par un ordre professionnel. Selon le Centre d’information canadien sur les diplômes internationaux, 20 % de la population canadienne exerce une profession réglementée (vétérinaire, électricien, plombier, physiothérapeute, médecin, ingénieur, etc.)

Au Québec, il existe plus de 50 professions régies par un ordre professionnel. Ce sont les ordres qui évaluent et reconnaissent les diplômes des immigrants, selon leurs propres critères. C’est pourquoi il n’y a pas de règles générales ou de diplômes qui permettent une reconnaissance automatique dans le système québécois.

Si le système peut paraître compliqué, Nisrin Al Yahya croit que « le Québec ne veut pas nuire à l’immigration, mais souhaite seulement conserver la qualité des employés en place. » Pour elle, beaucoup d’efforts sont faits pour aider les immigrants dans la reconnaissance de leurs diplômes : « Quand il y a équivalence, on la donne ! »

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