La nature humaine est-elle prête à se résoudre au biomimétisme?
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La nature humaine est-elle prête à se résoudre au biomimétisme?

Dans le contexte actuel de transition écologique et énergétique, le biomimétisme ouvre une voie passionnante aux entreprises et aux pays qui souhaitent s’engager dans le développement durable. Décrit pour la première fois par la scientifique américaine Janine Benyus, le biomimétisme semble nous promettre de grandes réalisations à condition de savoir changer notre vision sur le monde.

Démystifier le biomimétisme

Le biomimétisme est moins une nouvelle discipline qu’une nouvelle approche permettant de faire travailler biologistes et ingénieurs afin d’imiter et de s’inspirer des inventions de la nature. Oui, les inventions de la nature! Car, les inventions ne sont pas uniquement le propre de l’homme. Pour preuve, depuis près de trois milliards d’années, la nature évolue et s’adapte à son milieu naturel afin que ses différentes espèces survivent. Elle devient ainsi une source d’inspiration et d’enseignement pour l’homme, qui doit également penser à sa survie et à celle de la planète. Pour certains, la clé se trouverait dans le biomimétisme écosystémique, à savoir une organisation basée sur la coopération entre écosystèmes (à l’image du poisson clown qui donne son surplus de nourriture à l’anémone de mer qui, en retour, lui assure une protection) et non sur la compétition (système actuel des hommes dans lequel les deux parties sont perdantes). Toutefois, deux autres formes de biomimétisme sont plus connues et plus facilement adaptables par l’homme : d’une part, le biomimétisme de forme. C’est ainsi que, par exemple, le bec du martin pêcheur, qui doit passer de l’air ambiant à l’eau (milieu plus dense) a inspiré les ingénieurs en prise avec un problème de bruit lorsque le train arrivait dans un tunnel (milieu plus dense). D’autre part, le biomimétisme de matériaux avec son légendaire velcro, qui vient directement de la graine de bardane avec son système de vel(ours)-cro(chet).

Quid du biomimétisme dans nos économies?

Aujourd’hui, on estime à 10 % les créations inspirées de la nature. Ce faible taux est en partie lié à l’attrait de la technologie qui, dans bien des cas, nous éloigne de la nature et aussi à une idée fausse sur les coûts. De nombreuses industries s’imagine que le biomimétisme est très coûteux, c’est sans doute oublier que la nature s’est déjà occupée de la recherche et du développement… Toutefois, le biomimétisme semble être dans l’air du temps, comme le prouve cette étude de Fermanian Business and Economic Institute qui prévoit que les États-Unis en 2030 auront un pourcentage élevé d’activités bio-inspirées (10  % pour le secteur du textile, 12  % pour les matières plastiques, 15  % en chimie) représentant un produit intérieur brut de 425 milliards de dollars ou encore 2,4 millions d’emplois. Parallèlement aux études statistiques a été créé l’indice Da Vinci Global (indice 100 en 2011) qui offre un classement des pays selon leurs dépôts de brevets et leurs publications d’articles scientifiques dans le domaine du biomimétisme; l’indice aujourd’hui a atteint les… 630. D’un point de vue microéconomique, nombreux sont les services de l’entreprise (marketing, production, communication, ressources humaines) qui pourraient utiliser cet outil pour être économiquement, écologiquement et socialement durables, à condition de savoir travailler de façon transversale en misant davantage sur la symbiose et la coopération que sur la compétition.

 

Si vous estimez le terme de biomimétisme trop scientifique, son principe trop complexe et son application trop éloignée de vos préoccupations, commencez juste à méditer cette citation du philosophe Robert de Lamennais, prononcée en 1838 : « La nature est pleine d’enseignements, ouvrez grands les yeux, et elle vous instruira. »

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