Restructuration, licenciement économique ou faute professionnelle, la perte d’emploi est inhérente à la vie professionnelle. Souvent sous-estimé, le choc qui en résulte est un véritable traumatisme et peut déboucher sur un état de stress post-traumatique équivalent à celui d’un accident ou d’une agression. Comment s’en sortir ?
Quitter un emploi du jour au lendemain est un événement traumatisant pour toute personne qui en est la victime. Le choc est d’autant plus important en fonction de son ancienneté dans l’entreprise. Pierrette Desrosiers, psychologue du travail spécialisée dans les entreprises familiales, explique que le nouveau chômeur passe par des phases comparables à la rupture amoureuse : « l’abnégation puis la colère, la tristesse, l’anxiété, mais aussi le fantasme de pouvoir retrouver son travail, la possibilité de renégocier un retour… »
Plus on s’est investi, plus c’est difficile. « C’est comme un rejet, dit la psychologue du travail. On perd l’estime de soi, on a peur d’être jugé, car on est évalué en fonction de son travail, on a peur de n’être plus jamais compétent. »
Deux façons de réagir
En fonction de son caractère, les personnes ayant perdu leur emploi vont soit rationaliser et y voir l’occasion d’un nouveau départ, soit s’effondrer. « Chaque fois que l’on vit une crise, certains en sortiront plus forts, et d’autres, plus amers », indique Pierrette Desrosiers.
Pour faire face à la situation, il est conseillé de prendre le temps de faire le deuil de l’emploi afin de pouvoir passer à autre chose. Le risque est de banaliser l’événement et de s’investir à nouveau corps et âme dans un nouveau travail. Selon la psychologue, la perte d’emploi affecte le désir de s’engager totalement. « Si votre conjoint vous a trompé, par exemple, vous n’allez pas sauter dans la prochaine relation à pieds joints ! » On prend donc le temps de réaliser le choc, d’accueillir ses émotions et de réfléchir à une stratégie pour mieux rebondir par la suite.
L’annoncer ou le cacher aux enfants ?
Les enfants remarqueront sans doute qu’un de leurs parents ne se rend plus au travail, qu’une certaine tension règne dans la maison. Selon la psychologue du travail, l’annoncer aux enfants constitue la meilleure voie : « Étant un modèle, le parent sans travail aura ainsi l’occasion d’apprendre à ses enfants que, malgré les difficultés de la vie, on peut se relever, qu’il faut être fort et confiant en l’avenir. C’est aussi un bon moment pour leur inculquer l’estime de soi. Même si on n’a pas le pouvoir sur certaines situations, on ne doit jamais laisser une entreprise ou une personne déterminer ce que l’on vaut ! »
La perte d’emploi est un véritable traumatisme à ne pas prendre à la légère. « On doit garder en tête qu’après les nuages, il y a le soleil… mais il faut accepter qu’il mouille fort entre les deux ! » conclut Pierrette Desrosiers.
Publication originale : 19 juin 2017