Religion et entreprise : un équilibre fragile à respecter
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Religion et entreprise : un équilibre fragile

Le multiculturalisme étant tel au Canada qu’il est normal que la religion s’invite dans les entreprises. Avant de regarder comment ce sujet délicat est vécu par les salariés et traité par les employeurs, dressons un portrait des religions dans le pays en général, et dans les différentes provinces en particulier.

 

 

Une grande diversité (de pratique) religieuse
Une étude réalisée en 2014 par le Centre d’étude ethnique des universités montréalaises met en avant différents aspects de la religion au Canada tant en termes de croyance que de pratiques religieuses. C’est ainsi que nous apprenons que 83,2 % des Canadiens croient en Dieu et que 76, 1 % s’identifient à une religion. Parmi les différents groupes religieux, les chrétiens représentent 67 %, (dont 39 % de catholiques), suivis par les musulmans 3,2 %, les indous 1,5 %, les sikhs 1,4 %, les bouddhistes 1,1 % et les juifs 1 %. Derrière ces chiffres, des disparités sont à noter selon les provinces canadiennes : la Colombie-Britannique présente le niveau le plus élevé de « sans religion » (44,1 % de sa population), de sikhs (4,7 %) et de bouddhistes (2,1 %); le Québec enregistre le niveau le plus élevé de catholiques (près de 75 % de sa population); l’Ontario présente le taux le plus élevé de musulmans (4,6 %), de juifs (1,6 %) et d’hindous (2,9 %). Par ailleurs, même si la proportion des « sans religion » ne cesse d’augmenter – passant de 4,4 % de la population canadienne en 1971 à 13 % en 1991 –, plus de 40 % des Canadiens affirment prier ou méditer chaque jour.

 

Des pratiques religieuses bien encadrées
Bien que le préambule de la Charte canadienne des droits et libertés évoque Dieu, il n’existe pas de religion d’État au Canada. Le pluralisme religieux et la liberté religieuse constituent des éléments importants de la culture politique du pays. C’est ainsi qu’autant les lois internationales que les lois fédérales et provinciales stipulent que les pratiques religieuses des salariés doivent être respectées par les employeurs. En conséquence, la neutralité religieuse et les accommodements raisonnables sont des obligations auxquelles ne peuvent déroger les entreprises qui pourraient, d’ailleurs, être amenées à prendre des mesures afin d’éviter une éventuelle discrimination. Concrètement, vous êtes tout fraîchement embauché dans une nouvelle entreprise et souhaitez pratiquer vos propres rites religieux : vous êtes dans vos droits les plus stricts. Rappelez-vous, toutefois, que le sujet pouvant être source de crispations et de tensions, il serait bénéfique tout d’abord de formuler votre demande auprès de votre employeur sans agressivité, en prenant le temps d’expliquer votre démarche afin qu’il découvre votre sincérité, apprécie votre attitude… Il pourrait même se montrer bienveillant à votre égard et répondre assez rapidement à votre requête. Toutefois, celle-ci ne pourrait pas être acceptée si elle nécessitait des aménagements, et donc des coûts supplémentaires. Faites donc preuve de souplesse en acceptant, par exemple, de prier dans une petite salle qui vous sera momentanément réservée. Enfin, n’hésitez pas à offrir une contrepartie à une demande de congé pour une fête particulière, en travaillant par exemple un jour de fête chrétienne ou en allongeant vos heures de travail ponctuellement.

 

Conscients que « c’est toujours sur les frontières des religions que se rencontre l’intolérance » (Henri-Frédéric Amiel, philosophe du 19e siècle), les différents paliers de gouvernement comptent sur leurs lois et la bonne intelligence des salariés pour que la pratique religieuse se déroule sans écueil.

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