Satellite artistique ou l’art éphémère dans l’espace
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Satellite artistique ou l’art éphémère dans l’espace

En novembre 2018, un satellite d’un nouveau genre devrait orbiter autour de la Terre. Un satellite artistique, du nom d’Orbital Reflector, qui viendra jouer dans la cour des grands où se côtoient déjà depuis près de 70 ans des satellites militaires, scientifiques et commerciaux. À quoi va ressembler l’œuvre de Trevor Paglen? Quel est le sens de cette démarche? Est-il vraiment le premier à avoir eu l’idée?

 

Mobilisation intense pour un projet éphémère
Cela fait 10 ans que l’artiste et géographe Trevor Paglen collabore avec le musée d’art du Nevada, trois entreprises de l’aérospatiale (Space X, Spaceflight Industries et Global Western) et Zia Oboodiyat, un retraité de l’industrie spatiale américaine, pour concevoir Orbital Reflector. Il s’agit d’une structure réfléchissante, conçue à partir d’un matériau léger qui s’apparente au Mylar (matière utilisée pour notamment la construction de ballons d’exploration météorologique), qui devrait refléter la lumière du soleil sur sa surface argentée pendant trois petits mois avant de tirer sa révérence, en explosant dans l’atmosphère après avoir quitté son orbite. Concrètement, la fusée Falcon 9 de Space X décollera depuis la Vandenberg Air Force Base en Californie avec à son bord la structure gonflable qui, une fois décrochée du satellite, se déploiera pour former un immense diamant de 30 m de long, le tout à 575 km au-dessus de la tête des amateurs d’art… ou plutôt des curieux! Chacun de nous pourra non seulement observer ce point aussi lumineux que les étoiles de la Grande Ourse, mais aussi méditer. Et c’est tout là l’enjeu de ce projet, à savoir que l’homme réfléchisse à sa place dans le monde et qu’il s’émerveille devant l’univers.

 

Aucune limite pour l’artiste
Si l’on remonte dans le temps, on s’aperçoit que des œuvres avaient déjà été envoyées dans l’espace, et quelques fois pour des raisons tout autres. En 1977, c’est un disque d’or qui a été embarqué à bord de la sonde Voyager afin de faire découvrir à de supposés extraterrestres la vie des Terriens par le biais de photos d’humains, d’animaux, de paysages, mais aussi de divers sons (nourrisson, musique classique…). Ce concept de disque de silicium a été repris par notre artiste Trevor Paglen qui y a gravé 100 photos exposant différents aspects de notre vie sur Terre; son œuvre The Last Pictures gravite autour de la Terre depuis 2012. Deux années plus tard, l’agence spatiale japonaise a envoyé le premier satellite artistique Invader à 378 km pour y mener différentes missions artistiques (transmission de voix synthétisée, de poèmes et de musique). À la fin de cette même année, en décembre 2014, Despatch est la première œuvre à avoir été envoyée en orbite autour du système solaire, à une distance jamais égalée depuis, à savoir 4,7 millions de km de la Terre. Il s’agissait notamment de diffuser des poèmes générés par l’ordinateur embarqué.

 

 


L’envoi de ces quelques œuvres d’art dans l’espace a de quoi nous interpeller. Alors que certains peuvent trouver astucieuse l’idée de faire découvrir la vie sur Terre moyennant un disque d’or mis en orbite, d’autres pourraient se demander quel est l’intérêt d’exposer des œuvres d’art éphémères à 500 km au-dessus de nos têtes. Tant que l’homme n’aura pas trouvé de matériaux pouvant supporter les radiations solaires ainsi que les importantes variations de température, l’art spatial se limitera à quelques réalisations éphémères ou à des procédés de soustraction (sculpture) et non d’ajout.

 

 

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