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Travailler en région : C’est mieux ou pas?

On promet souvent la prospérité aux urbains qui vont s’installer en région pour travailler, mais la réalité n’est pas toujours rose. Qu’en est-il réellement en ce qui concerne les salaires et le coût de la vie ?

Geneviève Readman a quitté la Montérégie il y a 3 ans pour s’installer au Bic comme psychoéducatrice. « Pourquoi pas ? », s’est-elle dit après réflexion.

« J’avais vu le poste sur le site de l’Ordre des psychoéducateurs du Québec, raconte Geneviève Readman. Et comme, il y a peu de postes offerts, je me suis dit que j’allais postuler. On verra bien ! »

Son salaire actuel est le même que celui qu’elle recevait en Montérégie, car en tant que fonctionnaire sa rémunération est régie par le gouvernement. « Ce n’est pas avec le salaire qu’ils peuvent attirer des candidats, mais en leur offrant un poste permanent ». Si elle était restée près de Montréal, cela aurait été impossible à envisager pour la jeune diplômée. « Ma priorité était une sécurité d’emploi, je ne voulais pas rester sur appel pendant des années et habiter dans le sous-sol de mes parents. »

Travailler en région : les chiffres

En 2012, le salaire horaire médian des emplois à temps plein pour l’ensemble du Québec était de 21 $. Montréal se situait légèrement sous la moyenne provinciale, avec un salaire horaire de 20,50 $, alors qu’au Bas-Saint-Laurent, la région où travaille Mme Readman, le taux horaire médian était de 19,82 $. La région du Centre-du-Québec finit dernière avec 18 $ et l’Outaouais au premier rang avec un salaire horaire médian de 25 $. En fait, le salaire dépend surtout du type de profession. Pour un métier spécialisé ou demandé, il peut y avoir des écarts salariaux importants.

Concernant le loyer, en 2006, selon la Société d’habitation du Québec, le coût médian d’un logement privé était de 566 $ pour l’ensemble du Québec, de 615 $ à Montréal, de 630 $ à Laval (la région la plus chère), de 458 $ dans le Bas-Saint-Laurent et de 301 $ dans la région du Nord-du-Québec (la moins chère).

Sophie Bouchard est agente de migration pour l’organisme Place aux jeunes à Chicoutimi. Selon elle, « ceux qui viennent s’installer ou se réinstaller en région veulent retrouver les mêmes conditions salariales qu’en ville. Le salaire en meilleur en ville, dit-elle, mais pour tout le reste c’est moins cher. Donc, en fin de compte c’est l’équivalent. »

Pour Mme Readman, le coût de la vie en région ressemble aussi à ce qu’elle a connu en Montérégie. « J’avais des idées préconçues, que c’était moins cher en région, dit-elle. En tout cas, dans le coin de Rimouski, les maisons sont aussi chères que dans la région de Montréal », ajoute-t-elle.

Ce sont les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et de la Côte-Nord qui affichait en 2011, les meilleurs revenus disponibles par habitant, soit 26 907 $ et 26 789 $ respectivement. Les salaires élevés du secteur minier et des services publics en seraient la cause. Montréal (26 567 $) et la Montérégie (26 598 $) arrivent au 4e et 3e rang, alors que le Bas-Saint-Laurent (22 345 $) et la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (21 857 $) finissent derniers sur 17 régions administratives.

Un incitatif alléchant

« Ma vie d’avant n’a rien à voir avec ma vie ici, continue Mme Readman. Je me promène dans mon village, un véritable lieu de villégiature et je ne regrette pas mon choix. Il y a plus d’avantages que d’inconvénients. » Elle confie cependant que de quitter sa famille et ses amis a été le plus difficile. D’ailleurs, la plus grande différence entre les centres urbains et les régions pour Mme Bouchard est également la création ou la réactivation d’un réseau social.

Mme Readman a bénéficié d’un incitatif financier offert par le gouvernement du Québec : le crédit d’impôt pour nouveau diplômé travaillant dans une région ressource éloignée. D’un montant maximum de 8 000 $, il doit être échelonné sur 3 ans.

« Plusieurs personnes utilisent le crédit d’impôt pour revenir s’installer, mais ce n’est pas la seule raison, pense Sophie Bouchard. C’est un projet de vie que de s’établir quelque part. » Mme Readman a fait le saut dans l’optique de faire sa vie là-bas. « Sinon, tu t’investis moins », dit-elle.

« Ici, tout est à créer, ajoute Sophie Bouchard. On cherche continuellement de nouvelles entreprises, de nouveaux talents. Comme dans tout, il y a du négatif et du positif. » Or, selon elle, l’expérience est plus souvent qu’autrement positive pour ceux qui la tentent.

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