Vers une ubérisation du marché du travail au Canada?
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Vers une ubérisation du marché du travail?

En 2016, à travers le monde, 100 000 entreprises relevant de l’économie de partage ont été recensées. Beaucoup d’entre nous semblent y trouver un intérêt : le consommateur avec la consommation collaborative (Uber), le citoyen avec le mode de vie collaboratif (cohabitat), l’entrepreneur avec la finance collaborative (crowndfunding) ou encore le quidam avec la production collaborative (Wikipédia). Mais que pense le salarié de l’économie de partage?

 

Démystification de l’ubérisation
Uber
, ubérisation… quel est le modèle économique de cette société californienne? Il consiste à mettre en relation des personnes ayant disponibilité et compétences/moyens avec un grand nombre d’utilisateurs, via une plateforme numérique, basée sur les innovations technologiques. Conclusion : concurrence accrue avec les sociétés traditionnelles, réduction voire disparition des intermédiaires, baisse des tarifs… en théorie! Cette économie dite collaborative, ou encore de partage, est basée sur une organisation horizontale où l’accent est mis sur la mutualisation des services et des biens au détriment de la propriété personnelle. Une idée pas si récente qui était déjà développée par Aristote : « La richesse réside bien plus dans l’usage que dans la possession. »

 

Économie collaborative et emploi
Dans notre monde actuel, tout va très vite… quitter à donner le tournis! Certains n’hésitent pas à avancer que l’ubérisation va mettre fin au salariat, comme Jean-Pierre Gaudard en 2013, d’autres à prétendre que l’ubérisation détruit des emplois (principalement dans le tertiaire) ou, au contraire, à en créer en raison de la facilité d’accès aux services et aux biens qui dynamise l’économie. Qui croire? Peut-être Willem Pieter De Groen et Ilaria Maselli qui, dans leur rapport The collaborative Economy on the Labour Market, affirment qu’il est difficile de mesurer et de prévoir les impacts de l’économie collaborative sur le marché du travail. En cause, les statistiques qui n’intègrent pas encore ces données, l’ampleur et la croissance de cette économie qui sont insuffisantes pour en mesurer les conséquences.

 

Économie collaborative, synonyme de précarité?
Pouvoir travailler d’où on veut, quand on veut, avec qui on veut, au tarif qu’on veut : quoi de plus merveilleux! Attention, c’est peut-être l’arbre qui cache la forêt. Les petites mains d’Uber, ou d’autres sociétés en démarrage (startups) telles que Handy, Wedo (bricolage) ou encore Cuisine voisine savent-elles que leur statut social est très précaire? Adieu l’assurance chômage, la protection en cas d’accident ou de maladie, fini les cotisations au régime des rentes et les avantages sociaux. Dans certains cas, le travailleur autonome doit même signer une clause de non-concurrence. Et que dire de la défense des droits des pigistes et des autoentrepreneurs. Comment représenter ces acteurs du monde du travail qui ne se connaissent pas, ne se côtoient jamais? Enfin, l’ubérisation influe sur les salaires des employés des sociétés dites traditionnelles : pourquoi un employeur continuerait-il à verser un salaire élevé assorti de diverses charges alors qu’il pourrait recourir à des travailleurs indépendants?

 

À l’heure actuelle, il est légitime que le salarié s’interroge sur les conséquences d’une éventuelle ubérisation des différents secteurs économiques, mais pas d’inquiétude outre mesure. D’une part, les sociétés en démarrage n’ont pas toujours le soutien des bailleurs de fonds, qui hésitent fortement à financer des startups qui misent tout sur le taux de croissance et non sur la rentabilité. D’autre part, la plateforme numérique s’apparente à une vitrine, et les sociétés collaboratives ont besoin que leurs rouages opérationnels fonctionnent très bien, et notamment dans le domaine des ressources humaines.

 

 

 

 

 

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